[Je saisis l’occasion d’une discussion initiée sur VdeV, et notamment ce commentaire, pour réinvestir cet espace dont c’est peut-être plus la vocation : mieux communiquer pour mieux coopérer, disions-nous…]
"Grincheux" n’est certainement pas jaloux. Je me félicite toujours de ce qui se solutionne ou rencontre toujours mieux les attentes exprimées des utilisateurs actifs, ceux qui participent. Les audiences de zyeuxmuets ne servent que les bulles car on peut leur prêter les intentions que l’on veut - ils ne risquent pas de contredire ! Comme il est aisé aussi d’interpréter à sa guise la pseudo expression issues des suffrages qui fleurissent depuis quelques temps sur les blogs, et donc depuis un certain temps aussi sur VdeV avec un système de notation supposé remplacer le système de suggestions antérieur qui n’était pas très « pratique ». A présent, on a des éléments chiffrés : le nombre de lectures (en fait d'affichages de la suggestion), le nombre de votants, la moyenne des votes, éventuellement le détail des votes…
On est bien avancé ! Tout dépend en effet de la base de référence or là on peut tout considérer et son contraire, si je puis dire. Ces votants ne constituent aucun panel : il y a celui qui soumet la suggestion, quelques identifiés, quasiment toujours les mêmes (dont on peut prédire les votes), et éventuellement des anonymes qui passaient par là (ce n’est pas indifférent, bien sûr, mais ce n’est pas très significatif non plus, ce ne sont peut-être même pas des abonnés, il y a des internautes pour lesquels c’est devenu un réflexe : dès qu’ils voient des étoiles ils cliquent puis s’en vont cliquer - pardon : voter - ailleurs). Dans ces conditions, de quoi ce vote peut-il bien être représentatif sinon de ce que veut entendre celui qui l’interprète et qui nous offre ainsi, à son tour, en fin de compte, sa propre vision des choses et comment elles doivent s’agencer à ses yeux ?
Entendons-nous : cela ne me gène pas mais ne (nous) racontons pas d’histoires avec des simulacres de démocratie participative.
Ce que j’aimais dans l’ancien système de suggestion, et qu’il est peut-être possible de retrouver au travers le dispositif de notation (je n’en sais rien car je ne l’ai pas vraiment expérimenté), c’est qu’il me permettait d’identifier ce qui m’intéressait et me concernait effectivement et dans quel jeu d’affinités et d’interactions avec les autres également concernés (même si on ne faisait pas dans la nuance, sauf à commenter - ce que permettrait en revanche le système de notation). Il me permettait ainsi de pallier mon incapacité (grave) à affecter des mots-clés, autrement dit à définir ce qui est probablement clé pour moi, je ne sais pas faire cela alors que cela ressortait très bien de mes adoptions et implications, je le découvrais de cette façon et par la même occasion je découvrais d’autres qui partageaient ces préoccupations.
C’est qu’à l’époque, comme disent les vieux grincheux, on ne votait pas : on adoptait. Ce n’est pas le même registre, c’est une autre symbolique, d’autres implications. On n’adopte pas à moitié, c’est une décision qui implique et non un geste anonyme et souvent inconséquent comme le vote actuel. Pour ceux qui s’en souviennent, les suggestions apparaissaient suivies d’un lien de sélection [adoptez-moi !], quand on cliquait dessus la suggestion était dupliquée dans notre profil dans lequel nous êtions également transportés d'office (on y va jamais autrement !) pour lui faire une place, la regrouper avec d’autres, identifier des catégories, des priorités, brèffle jardiner un peu son profil, ce que je ne fais plus du tout car nous n’avons plus la main, je suis même persuadé que beaucoup ignorent la trace de leurs votes dans leur profil et du coup ils ignorent les possibilités de filtrage collaboratif, on découvrait alors (je ne sais plus trop aujourd’hui) les affinités entre utilisateurs qui partageaient les mêmes préoccupations et les autres suggestions retenues par ces utilisateurs « proches ». On allait voir qui, quoi… Ce n’était donc pas qu’un simple clic pour positionner le curseur sur une échelle d’étoiles mais un clic sur un lien, des liens qui nous faisaient voyager, en nous et vers les autres, au sein de la plateforme. Il ne s’agissait pas tant de qualifier ou d’évaluer des suggestions, ce sont elles qui nous qualifiaient et nous reliaient, par nos suggestions et adoptions.
Pas jaloux donc mais plutôt nostalgique, je le concède volontiers. J’ai vraiment cru à une révolution possible alors que cette évolution me fait l’effet d’une chute. Je suis très réservé (pour ne pas dire plus) par rapport à cette profusion des dispositifs digg-like car ils ont remis le focus sur les propositions et leur auteurs, ou porteurs, et ceux qui les exploitent, les dispositifs eux-mêmes (croyez-vous qu’elles prolifèrent à l’initiative des internautes ? Ces derniers ne sont-ils pas les jouets des plateformes qui leur ont trouvé ce nouveau jouet ?), alors que nous avions l’occasion, la chance, l’opportunité de nous porter sur les relations qu’elles créent ou découvrent, toutes les corrélations possibles et les résonances qu’elles trouvent dans notre vie. Là, nous sommes retombés dans nos travers de la consommation, instantanée, fugace, insatisfaisante car non productrice de sens et d’action. Comme ce que nous observons actuellement en politique, du politique.
Si je ne peux être plus moteur d’autre chose, ce n’est pas une raison pour céder à ce mouvement que j’assimile à de la récupération ou à tout le moins une dérive, un glissement. Quand Stéphane nous avait présenté son idée d’avoir recours à un tel dispositif pour les suggestions, on avait surtout vu la facilité de mise en œuvre, la possibilité de s’affranchir du texte de la suggestion et de moduler son intérêt, tout en conservant les ressources du filtrage collaboratif. La perspective était séduisante et la réalisation l'est, sauf qu’on a peut-être négligé l’effet pervers de la simplification et surtout l’influence de l’usage d’origine : loin de détourner un usage (la votation) pour notre application (la construction collaborative), c’est lui qui nous a détourné de notre application. On ne fait plus que voter, pour tout et n’importe quoi, qu’importe qui et les motifs… Dans ces conditions, je ne suis plus du tout enclin à m’appliquer !
Non seulement je ne participerai pas à l'entreprise de mystification mais j’entends m'y opposer. C’est ma liberté car c’est bien de liberté dont il s’agit et je ne connais pas d’autre enjeu qui vaille de se mobiliser. Pas en tout cas cette pseudo liberté de voter.
Cela dit, ce n'est que ma petite expérience et mon sentiment très partial.et très limité (à VdeV et Les Influenceurs). D'autres expériences ? D'autres retours ? Quelles suggestions ? Quelles directions possibles pour quelles modalités de participation ?
PS : ne soyez pas surpris si j'interviens plus rarement, mes conditions de connection sont devenues très précaires. Par le fait, je deviens ce que je suis foncièrement : un prolétaire du rnet !
Essai de brouillon : "Quel système de suggestions ? : "[Je saisis l’occasion d’une discussion initiée sur VdeV, et notamment ce commentaire, pour réinvestir cet espace dont c’est peut-être plus la vocation : mieux communiquer pour mieux coopérer, disions-nous…]"Grincheux" n’est certainement pas jaloux. Je me félicite toujours de ce qui se solutionne ou rencontre toujours mie"