Suite à ce commentaire là chez V2V qui essayait de répondre à la dernière phrase de celui-là, il nous a semblé à quelques unes que bien souvent nous avions du mal à saisir les nuances de ce qui s'écrivait dans les discussions sur la toile, en tout cas plus difficilement qu'en face à face. Il nous manque tout le langage non-verbal qui accompagne les mots parlés et qui permet d'éclairer ce qui est prononcé, de même que l'intonation, les émotions.
Notre génération étant celle qui se fraie un chemin au milieu de ce nouveau mode de langage, il nous convient d'en inventer les codes... Pas simple, non ?
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Commentaires
par Stephane
le Jeudi 23/11/2006 à 13:05
Je crois qu'il manque aussi le retour immédiat du dialogue, qui permet de repérer et corriger très vite les malentendus, de préciser ce qui est imprécis, de comprendre ce qui est incompréhensible. Sans possibilité d'obtenir des précisions rapides, nous en sommes contraints à faire des suppositions et imaginer des scénarios. Il faut donc à tout prix éviter une déconnection trop longue du système. ;-)
Re:
par Jo
le Jeudi 23/11/2006 à 16:05
Stéphane, J'utilise sciemment cette notion de "suspension". Sans aller jusqu'à la dépendance totale, et suivant que le blog est personnel, à thème plus ou moins technique, professionnel ou autre, la sensation d'être parfois "accro" est je crois commune à la plupart d'entre nous. Bien sûr, tout cela n'est que mon avis, même si je le partage ;-) Et puis, tu as encore raison, l'imagination entre en action pendant la période de "suspension", et les résultats relèvent souvent de la tragi-comédie...
Re: Re:
par Stephane
le Jeudi 23/11/2006 à 16:56
Re: Re: Re:
par Jo
le Jeudi 23/11/2006 à 18:02
Oui mais non. Sans forcément faire du teasing, je n'ai pas non plus envie que toutes les conversations restent "dans un état stable". J'ai besoin d'une certaine dynamique, de la poussée entre les omoplates qui nous force à lever une jambe pour chercher un équilibre plus ou moins stable et puis à poser le pied devant, tout étonné(e)s d'avoir fait un pas. Je veux susciter des interrogations et des doutes, chez les autres ET chez moi. Je veux, dans une certaine mesure, troubler, perturber et être perturbée moi-même.
Re: Re:
par isabelle
le Vendredi 24/11/2006 à 03:43
la sensation d'être parfois "accro" est je crois commune à la plupart d'entre nous.Je confirme ;-) au vu de l'heure où je suis encore là ! Je me suis demandée pourquoi , qu'est-ce qui se jouait en plus dans ce type de relations ? Un des plus par rapport au téléphone, est je crois la notion de lieu, pour certains blog en tout cas. (Si Laseine était là, il me dirait le contraire avec son non-lieu !) On parle d'adresse en désignant l'url, on dit "chez" intel en parlant de son blog, le fond graphique se dénomme papier paint, autant de symboliques expressions d'un rapport à un espace mental, nouveau peut-être, mais qui permet de s'organiser comme un lieu de vie typique : chacun à sa pièce où il peut faire ce qu'il veut (le profil), on ouvre des tirroirs de rangement avec des mots-clés, etc. Il y a un coté coconing dans cette histoire là, non ?
Intérieur
par Jo
le Mardi 28/11/2006 à 00:00
As-tu regardé l'émission indiquée là par guillaume ? Pour ce qui est du lieu, effectivement, c'est très net, les blogs sont souvent des projections des "intérieurs" des taulier(e)s. Intérieur de soi mais aussi intérieur au sens de logement (ce qui revient au même puisque la façon dont on arrange son intérieur indique ce qu'on veut révéler de l'intérieur de soi). Mais je ne crois pas que ça participe tellement à la difficulté de communication. Au contraire, j'aurais plutôt l'impression que cette perception d'un blog comme un "lieu appartenant à quelqu'un" nous aide à transposer certains codes indispensables à la vie en société. Quant au cocooning... j'avoue que je me braque facilement contre tout ce qui aurait tendance à essayer de nous faire croire que les connexions électroniques nous dispensent d'enfiler nos godasses pour aller trainer au soleil ou sous la pluie au contact physique des multivers. Je crois que je me suis égarée, là, peut-être un peu loin de ton propos initial... désolée
Re: Intérieur
par isabelle
le Mardi 28/11/2006 à 12:02
c'est marrant je le voyais plus dans l'autre sens, retrouver des gens sur un même lieu virtuel où on se sent comme chez soi peut peut-être renforcer les relations irl. Et donner envie de se retrouver plus.
Re: Re: Intérieur
par Jo
le Mardi 28/11/2006 à 20:09
Je ne sais pas. D'après ce que j'entends çà et là, il y a également souvent :
Mais je crois que ça dépend vraiment du type de blog et de chaque personne.
délai du feedback
par isabelle
le Jeudi 23/11/2006 à 18:30
Il faut donc à tout prix éviter une déconnection trop longue du système.En même temps, le fait qu'il n'y ait pas de retour immédiat obligatoire peut, en cas de difficultés, être profitable. Je ne sais plus où c'est, mais si Guillaume passe par là, peut-être se souviendra-t-il ? Il disait que face à un commentaire qui le dérangeait, voir qui risquait de le faire partir au quart de tour, il laissait passé la nuit pour répondre et permettre ainsi qu'il y ait moins d'affect dans ce qu'il allait écrire.
Re: délai du feedback
par jlb
le Jeudi 23/11/2006 à 20:37
C'était dans ce commentaire, qui pourrait parfaitement (re)prendre place dans ce fil.
Re: Re: délai du feedback
par isabelle
le Jeudi 23/11/2006 à 20:41
jlb,
Re: délai du feedback
par guillaume
le Samedi 02/12/2006 à 17:18
Je n'ai pas abandonné cette excellente habitude : je ne réponds jamais sur le coup de l'énervement.
Re: Re: délai du feedback
par isabelle
le Dimanche 03/12/2006 à 14:49
J'aime bien aussi cette technique du "no mans land" : ça laisse plus de place à d'autres ;-)
Quand le corps nous manque
par leblase
le Jeudi 23/11/2006 à 20:41
Voilà une discussion à laquelle vous me permettrez d'attribuer la qualité très profonde de la recherche de sincérité vis-à-vis de soi.
Re: Quand le corps nous manque
par isabelle
le Vendredi 24/11/2006 à 00:08
blase,
Re: Quand le corps nous manque
par Jo
le Vendredi 24/11/2006 à 02:51
Et si c'était le contraire? J'ai vu tant de fois des anciens ou anciennes ne réagir qu'émotionnellement au téléphone et se montrer absolument incapables de tenir des propos"techniques", tant le corps de l'autre manquait. Oui ! Tout à fait ! c'est aussi le contraire. Sinon, peux-tu s'il te plait expliquer cet autre paragraphe que je n'arrive pas à comprendre : Je crois en fait que non seulement "ce cran est franchi dans la communication par le web" comme le dit Jo, mais qu'il l'est trop vite, trop bien, trop longuement franchi...TROP franchi.
Re: Re: Quand le corps nous manque
par leblase
le Lundi 27/11/2006 à 00:20
Jo, non, je ne crois pas que je puisse ce soir expliquer ce truc que j'ai écrit...Et pourtant je le comprends très bien (et ce n'est pas du sadisme de ma part).
Re: Re: Re: Quand le corps nous manque
par Jo
le Lundi 27/11/2006 à 00:27
Pas grave. Dommage, parce que quelque chose m'échappe là entre ce que j'ai dit et ce que tu as compris, mais pas grave. Je suis justement en train de réécouter ton interview.
Re: Re: Re: Quand le corps nous manque
par Jo
le Lundi 27/11/2006 à 00:38
Pas pour l'apprendre par coeur, je tiens à le préciser ! ;-D
Lien croisé
par Visiteur
le Mardi 28/11/2006 à 12:02
Viabloga à l'honneur sur France 5 : "de la difficulté de se comprendre sur le net : " As-tu regardé l'émission indiquée là par guillaume ?J'y trouve quelques éléments de réponse.(rien de réellement neuf, mais exprimé différemment)Pour ce qui est du lieu, effectivement, c'est très net, l" rel="nofollow" " rel="nofollow"
Lien croisé
par Visiteur
le Dimanche 10/12/2006 à 07:49
TouraineBlogs - Pour un vendredi 13, ça ne s'est pas si mal passé ! : "de la difficulté de se comprendre sur le net : " Je n'ai pas abandonné cette excellente habitude : je ne réponds jamais sur le coup de l'énervement.Il y a même des commentaires auxquels je préfère ne pas répondre du tout, considérant -peut-être à tort- que leur auteur ne poursuit pas d'autre but que d'attirer l'attention sur soi en créant la polémique...Et à mon avis, les discussions " rel="nofollow"
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par Visiteur
le Dimanche 04/02/2007 à 04:50
TouraineBlogs - Pour un vendredi 13, ça ne s'est pas si mal passé ! : "de la difficulté de se comprendre sur le net : " Je n'ai pas abandonné cette excellente habitude : je ne réponds jamais sur le coup de l'énervement.Il y a même des commentaires auxquels je préfère ne pas répondre du tout, considérant -peut-être à tort- que leur auteur ne poursuit pas d'autre but que d'attirer l'attention sur soi en créant la polémique...Et à mon avis, les discus"
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par Visiteur
le Jeudi 09/10/2008 à 01:51
Viabloga à l'honneur sur France 5 : "de la difficulté de se comprendre sur le net : " As-tu regardé l'émission indiquée là par guillaume ?J'y trouve quelques éléments de réponse.(rien de réellement neuf, mais exprimé différemment)Pour ce qui est du lieu, effectivement, c'est très net, l" " " |
Isabelle,
Tu es allée un peu vite pour mon allure de tortue mais je vais essayer de te suivre quand même.
Voici donc une première réflexion sur le sujet.
Tu ne m'en voudras pas, j'espère, d'avoir utilisé cette conversation (dans laquelle je reste parfaitement sincère, je tiens à le préciser) pour illuster cette dfficulté chronique que nous avons à ko-mu-ni-ker par clavier interposé.
C'est un sujet que j'aborde souvent, avec des gens différents.
Au cours de ces conversations, je prends régulièrement comme exemple l'apparition du téléphone.
Suivant nos âges respectifs, nos parents ou grands-parents sont des gens qui ont vu arriver le téléphone à l'âge adulte. Beaucoup d'entre eux ne s'y sont jamais fait et ont été incapables d'avoir par téléphone des conversations non techniques, c'est à dire mettant en jeu des émotions. Je crois que c'est simplement parce qu'une conversation exclusivement auditive et non-présentielle nécessite l'application de nouveaux codes pour faire passer par le son les signaux habituellement visuels ou tactiles (voire olfactifs).
Nous (moi en tous cas et quelques millions d'autres) avons grandi avec le téléphone et avons appris et participé à la création de ces codes manquants.
De ce fait, nous sommes tout à fait à même de décoder par téléphone un certain nombre d'émotions qui, du temps des cavernes, n'étaient pas sensées pouvoir se passer de la présence physique de l'interlocuteur.
Bien sûr, nous restons des animaux physiques, ces codes ne sont pas idéaux et ne remplacent pas la présence, mais ils rendent la communication parfaitement vivable.
Et bien je crois que pour le web c'est pareil.
Il y a un cran supplémentaire à franchir dans la non-présence.
Et quand je vois les difficultés que nous, adultes, avons à nous faire à cette communication, dès qu'elle devient "non-technique", dès qu'elle se charge d'émotion, ça me parait évident : nous manquons de codes.
Et quand je vois les adolescent(e)s et jeunes adultes se servir du web et des sms, je suis fascinée d'assister à la naissance de nouveaux codes. Indispensables à ce nouveau genre d'interaction. Codes qu'ilselles créent, mettent en place sans même s'en apercevoir, dans une fluide évidence, dans une espèce de certitude confiante que nous sommes, nous, vieillesvieux croûton(ne)s, incapables de ressentir par rapport à ce mode de komunikassion.
J'ai particulièrement ressenti cela lorsque je suis allée en juin dernier à la dernière université de printemps de la FING (sur l' "EntreNet") : parmi les gens participant à l'université et également parmi ceux dont ilselles parlent, il y a cellesceux qui débattent du truc, se débattent avec, rencontrant plus ou moins de difficultés à se l'approprier, et puis il y a ceuxcelles qui le vivent.
Sauf qu'une fois raconté tout ça, je me suis fait plaisir mais je n'ai pas résolu mon problème : ce n'est pas parce que j'ai 80 ans que je vais renoncer à me servir du binz ! Il est là, je crois avoir des idées de shtruks à faire avec, alors je tiens à m'en servir. Même si ce doit être plus difficile pour moi que pour cellesceux dont j'ai 4 fois l'âge ! J'ai donc besoin d'apprendre et de fabriquer des codes, de transposer éventuellement ceux dont je me sers habituellement, tout ça avec délicatesse, parce que les gugusses que j'ai en face ne sont pas plus doué(e)s que moi et la mayonnaise monte vite.